La « nuit de cristal serbe », comme certains personnages publics l’avaient désignée à l’époque, s’est prolongée jusqu’au lendemain le 18 mars. Le degré de violence manifestée était tel que même les membres des troupes internationales, pourtant considérées comme alliées par une immense majorité des Albanais, se sont vus contraints à utiliser, certes sporadiquement, l’arme à feu pour repousser les attaques furieuses des bandes déchaînées dans plusieurs endroits de cette province.
Quant à la réaction des autorités serbes à l’époque, à l’exception des condamnations officielles et de certains efforts diplomatiques orientés vers la persuasion des généraux de la KFOR d’augmenter leurs effectifs et leur efficacité dans la protection des civils serbes, aucune autre réaction plus musclée n’a été enregistrée. Néanmoins, la réaction des citoyens serbes en dehors du Kosovo et Métochie ne s’est pas faite attendre- dès la première journée de violences antiserbes ils se sont rassemblés dans les lieux publics pour manifester leur solidarité avec leurs compatriotes au Kosovo et Métochie.
Quand la violence fut enfin arrêtée le 19 mars le bilan du pogrom était lourd : plus de 4000 Serbes pourchassés de leurs domiciles, plus de 900 maisons serbes incendiées, 35 lieux de culte, églises et orthodoxes endommagés ou totalement détruits et saccagés, 16 Serbes tués (mais aussi plusieurs agresseurs albanais), plusieurs centaines de civils serbes blessés, plusieurs villes et villages complètement vidés de leur population serbe, etc. Hélas, la majorité des habitants n’a pu plus jamais rentrer chez elle depuis 2004. Face à la réaction plutôt tiède de la communauté internationale face à ce crime collectif, l’on espère sincèrement que plusieurs enseignements ont été tirés pour l’avenir avec un seul mot d’ordre: plus jamais ça!
Dusan Gujanicic