
Le 3 avril 1915 s’est arrêté de battre le grand cœur de Nadezda Petrovic, une femme illustre à la charnière de deux siècles, l’une des plus connues peintres serbes de tous les temps. Née à Cacak dans la Serbie centrale en 1873, au sein d’une famille bourgeoise toujours prête à contribuer par son action et son éducation au bien commun et à la cause nationale. Son grand-oncle fut d’ailleurs le célèbre Svetozar Miletic, ce guide incontestable du peuple serbe dans la monarchie austro-hongroise entre les années 1860 à 1880 et le fameux maire de Novi Sad. D’autre part, son frère cadet fut Rastko Petrovic qui a laissé une trace remarquable dans la littérature serbe dans la première moitié du XX siècle. Dès son enfance, Nadezda a montré le penchant pour l’art pictural et un grand talent qui méritait d’être valorisé et affiné dans les écoles d’art prestigieuses en dehors de la Serbie d’alors.
Ses destinations étrangères où elle perfectionnait son art furent, entre autres, Munich, Paris et Rome, en tant que grands centres culturels européens à l’époque. Compte tenu de multiples influences picturales dont elle fut objet à l’étranger, il n’est pas facile de classifier strictement son œuvre dans tel ou tel courant artistique, telle ou telle école d’art, bien que les bons connaisseurs de son œuvre y reconnaissent les traces du symbolisme, de l’impressionnisme et du fauvisme, par exemple.
Mais, au-delà de son œuvre picturale qui a eu toutes les éloges du point de vue artistique, le nom de Nadezda Petrovic sera gravé dans la mémoire collective du peuple serbe en raison de son engagement généreux, inconditionnel et noble durant la Première guerre mondiale. Lorsque l’épidémie de typhus a largement touché la population serbe, notamment au printemps 1915, pendant cette période d’accalmie sur le champ de bataille après les victoires majestueuses de l’armée serbe en été et automne 1914, Nadezda n’a pas hésité à endosser un nouveau rôle, cette fois-ci le rôle de l’infirmière, dans une Serbie épuisée, surtout en manque de personnes disponibles et capables d’affronter la maladie mortifère dans toute son horreur. Pour s’en assurer il suffit d’ailleurs de citer quelques lignes d’une lettre qu’elle a adressée à sa famille en 1914 :
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