Le projet pharaonique Belgrade sur l’eau transforme radicalement le centre de Belgrade
Le projet de métro, joker de l’agenda politique serbe ? Zoran Bukvic acquiesce. « Construire des lignes de métro, cela prend au moins dix ans, explique cette figure de la société civile locale. Mais les politiciens raisonnent en matière de mandats et, même en deux mandats, ils ne peuvent pas mener ce genre de projet à bien. Ils essaient de faire des choses qui peuvent être visibles par leurs électeurs. » Habitué des slaloms au milieu des pots d’échappement, ce barbu féru de deux-roues a fondé l’ONG Des voies pour les vélos. « Ce que nous avons, c’est des bus, constate Zoran Bukvic. Et les bus représentent la majorité des transports publics. 50 % des gens utilisent les transports publics, 26 % utilisent la voiture privée, 24 % marchent, et seulement 1 ou 2 % utilisent le vélo ou le scooter. »
Comme beaucoup de Belgradois, Zoran Bukvic aimerait libérer sa ville des véhicules polluants. Mais ce n’est pas la priorité des autorités serbes qui ont lancé d’autres projets, davantage tape-à-l’œil. Derrière Zoran, des immeubles d’une vingtaine d’étages et un énorme chantier se dressent désormais sur les rives de la Save. « Avant, ici, il y avait une gare ferroviaire et aussi une gare routière », déplore-t-il. Lancé en 2015, le projet pharaonique Belgrade sur l’eau transforme radicalement le centre de Belgrade. Estimé à trois milliards d’euros et financé par les Émirats arabes unis, ce futur quartier d’affaires, avec résidences de luxe et commerces, devrait alourdir une circulation déjà compliquée dans la capitale serbe. « Si nous n’avons pas de métro, la circulation sera un désastre à cause de ce projet, prévient Zoran Bukvic. Ici, on parle de 20.000 véhicules chaque jour ! Mais personne n’a pensé à ça parce que tout le monde voulait faire de l’argent facile et le plus rapidement possible. »
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