Les frappes aériennes de l’Otan s’étaient poursuivies du 24 mars au 10 juin 1999. Le nombre exact de victimes est inconnu. Selon les estimations des autorités serbes, les bombardements ont fait environ 2.500 morts, dont 89 enfants. Quelque 12.500 personnes ont été blessées. L’estimation des dommages matériels varie entre 30 et 100 milliards de dollars selon les sources.
D’après Jean-Christophe Buisson, auteur de „Histoire de Belgrade“, : „Le souvenir du bombardement de mars 1999 n’est pas douloureux pour les raisons qu’on imagine. Même s’il en reste – à dessein – quelques stigmates architecturaux dans le centre-ville, la reconstruction des bâtiments ne fut pas difficile. Celle des cœurs, si. Recevoir des obus et des missiles sur la tête, les Belgradois en avaient l’habitude depuis des siècles: de la part des Ottomans, des Austro-Hongrois (en 14-18), des Allemands (en 1941), des Anglo-Américains (en 1944). Mais par des avions ou des canons français, la chose était aussi nouvelle qu’inattendue. Comment était-il possible que le pays de Victor Hugo, mobilisant la communauté européenne en 1876 contre l’agression turque («on assassine un peuple»), la deuxième patrie du futur roi Pierre Ier Karadjordjevic, qui avait servi dans la Légion étrangère contre la Prusse en 1870, le fidèle allié qui était entré en guerre en 1914 pour défendre la Serbie menacée et avait permis sa libération des jougs bulgare et autrichien en 1918, la nation qui avait donné naissance au général De Gaulle, admirateur du mouvement de résistance monarchiste et antinazi du général serbe Draza Mihailovic, se trouvât, au crépuscule du XXème siècle, du côté de ses ennemis? Telle était la question principale que se posaient les Belgradois entre mars et juin 1999. Et se posent aujourd’hui encore“.
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