Enfin, la représentante a estimé qu’il n’y avait plus de raisons pour le Conseil de se réunir aussi souvent sur le Kosovo ni de prolonger une mission « dénuée de tout objectif », alors que le Kosovo est devenu un « pays libre, indépendant et souverain ». Pour elle, ces réunions ne servent qu’à permettre à la Serbie de nier la réalité et le fait qu’elle refuse de reconnaître l’existence de « l’État » du Kosovo n’en fait pas moins un véritable État. C’est ce qui rend le dialogue si important, a-t-elle poursuivi, mais il ne peut s’établir sur du vide: comment croire que la Serbie est sincèrement prête au processus de réconciliation alors qu’elle n’a mis en œuvre aucun des engagements auxquels elle a souscrit à Bruxelles? a-t-elle insisté. « Le dialogue, ce n’est pas se serrer les mains mais d’accepter l’autre sur un pied d’égalité » et de reconnaître son existence et son indépendance. Le Kosovo n’étant pas un projet temporaire mais qui va durer. Il n’y a pas de « Grande Albanie », c’est un mythe, a-t-elle insisté. « Le Kosovo veut la paix, il est prêt à poursuivre le dialogue, mais pas aux dépends de la vérité ». Enfin, il n’y aura pas de paix sans justice et il est temps d’en faire une priorité: on le doit aux victimes, a-t-elle fait valoir. Ceux qui ont perpétré des crimes atroces doivent être traduits devant la Cour de justice et le tribunal de la conscience, a ajouté Mme Çitaku.
M. DAVID CLAY (Royaume-Uni), dont le Gouvernement reconnaît le Kosovo, a salué toutes les mesures prises par Pristina, y compris en matière de justice. Le Kosovo devrait cependant faire plus pour lutter contre le crime organisé transnational, a-t-il souhaité. Pour le Royaume-Uni, la police du Kosovo doit pouvoir opérer dans le nord du Kosovo, conformément au droit. La délégation espère que le nouveau Gouvernement travaillera à la reprise du dialogue avec Belgrade et à la construction d’une société multiculturelle. Elle déplore que certains aspects de l’Accord de Bruxelles ne soient pas totalement mis en œuvre, a conclu le représentant.
Mme ANNE GUEGUEN (France) a rappelé que le Kosovo avait tenu, le 6 octobre, des élections législatives qui se sont déroulées dans de bonnes conditions malgré des mesures d’intimidation dans certaines localités. La représentante a appelé à la formation rapide du nouveau gouvernement afin qu’il mette en œuvre les réformes dans le domaine de l’état de droit. Elle a relevé que les efforts constants de la MINUK contribuent à la promotion de la sécurité, de la stabilité et au respect des droits de l’homme au Kosovo et dans la région.
L’enjeu essentiel qui doit mobiliser toutes les énergies, reste la normalisation des relations entre Pristina et Belgrade, a poursuivi la représentante, dans le cadre du dialogue mené sous l’égide de l’Union européenne. « Nous regrettons qu’il soit interrompu depuis près d’un an et espérons que le nouveau Gouvernement du Kosovo, dès qu’il sera formé, en fera sa priorité et qu’il trouvera à Belgrade un partenaire engagé », a déclaré Mme Gueguen. Avant de terminer, elle a réaffirmé que la France est convaincue de l’avenir européen de la Serbie et du Kosovo. Cela implique selon elle la poursuite des réformes nécessaires pour consolider l’état de droit. Au Kosovo, l’EULEX (mission « État de droit » menée par l’Union européenne au Kosovo) contribue à cet objectif, en mettant l’accent sur l’efficacité, la déontologie et le caractère multicommunautaire du système judiciaire kosovar, a-t-elle souligné en prônant, pour aller au-delà, la normalisation complète des relations entre Belgrade et Pristina, condition nécessaire à l’avenir européen des deux pays.
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