
Série : « La Serbie dans la Grande Guerre » – Jour 4
Après l’automne sanglant sur la Drina, l’armée serbe, épuisée et meurtrie, se replia sous la pression d’un ennemi plusieurs fois supérieur en nombre. Les pluies avaient transformé les routes en torrents de boue, les munitions s’épuisaient, et les soldats marchaient pendant des jours, affamés et transis de froid. Convaincues que la Serbie était vaincue, les troupes austro-hongroises entrèrent à Belgrade le 2 décembre 1914.
Mais ce qui suivit fut l’un des plus grands retournements de la Première Guerre mondiale. Sur ordre du voïvode Živojin Mišić, récemment nommé commandant de la Première armée, les troupes serbes se replièrent derrière la Kolubara — non pas pour fuir, mais pour se regrouper, se reposer et préparer une contre-offensive.
À l’aube du 3 décembre, l’attaque serbe commença. Dans la boue, la neige et le brouillard, les soldats avancèrent à la baïonnette et à coups de poing, reprenant village après village, colline après colline. Le 15 décembre, l’armée serbe avait reconquis Belgrade, et l’ennemi, en pleine débâcle, fuyait au-delà de la Save.
La bataille de la Kolubara apporta à la Serbie non seulement une victoire militaire, mais aussi une victoire morale. Le monde fut stupéfait — un petit pays, épuisé et appauvri, avait réussi à renverser une armée impériale qui célébrait déjà sa victoire. Cette victoire eut cependant un coût : plus de 120 000 soldats serbes tués ou blessés. Mais malgré ce terrible sacrifice, Belgrade était à nouveau libre, et la Serbie — invaincue.