
Série : « La Serbie dans la Grande Guerre » – Jour 8
Après la libération de Bitola à l’automne 1916, l’armée serbe, bien que renforcée par la victoire, était à bout de forces. Des milliers de soldats, épuisés par la maladie, le froid et la faim, passaient des mois dans des tranchées détrempées au sud de Shkodër et autour de Salonique. Le front s’était figé, tandis que la Serbie — ses rivières, ses montagnes et ses villages — restait derrière les lignes ennemies, sous la botte bulgare et allemande.
Dans ce silence de l’occupation, loin du front et des troupes alliées, une nouvelle étincelle de résistance naissait parmi le peuple. Le paysan serbe, révolté par les crimes, les pillages et la violence des occupants, n’avait pas oublié son serment ni le drapeau sous lequel il avait combattu. Ainsi, en février 1917, au cœur de la Serbie méridionale, éclata le soulèvement de Toplica — la seule insurrection armée dans l’Europe occupée pendant la Première Guerre mondiale.
Sous la direction de Kosta Vojinović et Kosta Pećanac, les troupes insurgées prirent Prokuplje et Kuršumlija, le drapeau tricolore flottait, et l’on crut un instant que la liberté était de nouveau à portée de main. Les nouvelles du soulèvement parvinrent jusqu’à Salonique — jusqu’aux soldats dans les tranchées, serrant les dents et attendant leur heure. Mais la répression fut terrible. Les unités bulgares et allemandes s’abattirent sur la région de Toplica avec une violence inouïe. Les villages furent incendiés, la population massacrée, des familles entières anéanties. Pourtant, même dans ces cendres, une vérité demeurait — la Serbie ne s’était pas rendue.
Le soulèvement de Toplica fut plus qu’une révolte militaire — ce fut le cri d’un peuple refusant de se soumettre, la preuve que l’esprit de liberté peut s’embraser même quand tout semble perdu. Cette flamme, allumée dans les vallées enneigées de Toplica, réchauffa le cœur de l’armée serbe jusqu’au moment du grand assaut sur le front de Salonique.