Cette question peut s’appliquer à la fois à la Serbie et à la France, car les élections présidentielles dans les deux pays auront lieu en avril de cette année. Sachant que on n’y a pas beaucoup de Serbes de la diaspora qui votent aux élections présidentielles de Serbie, nous ne traiterons que des prochaines élections présidentielles en France.
Quant à la France, selon tous les sondages, le nouvel ancien président sera Emmanuel Macron. Ces derniers jours, selon les enquêtes les Français lui ont accordé près de 30 % des voix au premier tour, où il devancerait Marine Le Pen, avec qui, il a eu un duel il y a cinq ans. Quant aux Serbes, ils sont divisés en ceux qui voteront par conviction, par intérêt, par patriotisme ou ne voteront pas du tout. Allons dans l’ordre.
Emmanuel Macron. L’actuel président français a beaucoup pris pied dans la communauté serbe grâce au député de son parti, Zivka Park, qui est d’origine serbe. Liée à l’Église serbe et à la communauté serbe de France, dont elle est proche, elle a beaucoup fait ces cinq dernières années pour faire des liens encore plus forts entre la France et la Serbie dans l’intérêt de la Serbie, notamment économique. C’est l’une des raisons pour lesquelles les Serbes, qui ont la nationalité française, voteraient pour Macron. Emmanuel Macron a gagné la sympathie de certains électeurs serbes après avoir visité la Serbie et parlé en serbe, ainsi qu’une politique plus amicale qu’agressive envers la Serbie pendant son mandat. Ceux qui ne voteront pas pour lui sont ceux qui ne peuvent pas lui pardonner l’endroit où le président serbe, Aleksandar Vučić a été placé à Paris lors de la célébration du centenaire de la fin de la Grande Guerre, mais aussi d’avoir mené la crise sanitaire et sa position face à la guerre en Ukraine.
Marine Le Pen. Peut-être que la finaliste des élections présidentielles d’il y a cinq ans obtiendra le plus de voix des Serbes. Les raisons sont différentes. Parmi son principal parti de droite figurent deux Serbes, Aleksandar Nikolic et Andrea Kotarac. Tous deux étaient tout près de remporter les élections régionales. Tous deux défendent les idées du parti et n’ont pas honte de parler publiquement de leurs racines. C’est particulièrement le cas maintenant, alors que dans leurs apparitions publiques, on peut entendre la condamnation directe de l’OTAN suite aux bombardements de la Serbie en 1999. lorsqu’ils commentent la situation en Ukraine. A cause de ces deux Serbes jeunes mais extrêmement performants, Marina Le Pen a les sympathies de la diaspora serbe, mais aussi à cause de sa politique souverainiste et de son soutien à la Serbie autour du Kosovo et Métochie. Les Serbes n’oublient pas que les seuls drapeaux étrangers lors de son dernier rassemblement avant les élections il y a cinq ans étaient les drapeaux de la Serbie. Les Serbes qui ne veulent pas voter pour elle, disent que son arrivée en France entraînerait une guerre civile et qu’elle n’a pas de programme économique et social clairement défini.
Valérie Pécresse. Lentement mais sûrement, elle agrippa vers le haut. Une femme qui a commencé à avoir des liens avec la diaspora serbe il y a dix ans, alors qu’elle était encore candidate à la tête de la région parisienne et membre du parti de Nicolas Sarkozy. Le parti qui connaît de plus en plus de défaites et d’échecs politiques ces dernières années depuis la chute de Sarkozy. Son partie politique a souvent soutenu le président français lui-même pendant le mandat d’Emmanuel Macron, alors même qu’il était dans l’opposition. Ces dernières années, en tant que présidente de la région parisienne, elle a donné des moyens financiers conséquents à une association serbe en France, c’est pourquoi elle a été très critiqué par les français après un texte apparu dans le Mediapart où ces subventions ont été évoquées. Ceux qui voteraient pour elle sont des Serbes proches d’elle, qui espèrent qu’avec son arrivée au pouvoir, la communauté serbe bénéficiera d’elle. Certaines Serbes la voteront aussi en remerciant que la région parisienne célèbre chaque année Vidovdan, ainsi que ceux qui pensent ou s’attendent à ce que certains Serbes aient aussi des avantages personnels en étant éventuellement nommés à certains postes au pouvoir. Ceux qui ne veulent pas la voter sont ceux qui ne oublient pas que son „professeur“ Nicolas Sarkozy ait été à la tête de la France lorsque la France a reconnu le soi-disant „Kosovo“ et ceux qui la considèrent comme la copie de Macron qui écoute Bruxelles et Washington.
Parmi les autres candidats, solidement classés dans les sondages français, ces derniers mois, Eric Zemour a gagné la sympathie des Serbes. Jean-Luc Mélenchon, de gauche, est pour l’égalité sociale et pour la régularisation de toutes les personnes sans titre de séjour. Il est généralement voté par les anciennes générations de Serbes arrivés en France il y a quelques décennies.
Au total, la voix de la diaspora serbe restera dans les mémoires comme la voix de ceux qui se sont intégrés et qui veulent participer activement à la société française, mais en aucun cas elle ne sera déterminante pour les prochaines élections. L’engagement diversifié de notre peuple montre la différence d’opinion propre à chaque société démocratique.