Une note personnelle
Les émotions que crée cette tour chez moi sont difficiles à exprimer. Souffle coupé, mal au ventre, envie de pleurer, et sentiment de gratitude et même de fierté. Cele-kula est puissant. Cele-kula est intense.
Peut-être le poète romantique français Alphonse de Lamartine le décrit-il mieux dans son carnet de voyage :
La brise de montagne soufflait vive et fraîche, et, s’engouffrant dans les innombrables cavités des têtes, des faces et des crânes, leur faisait rendre des sifflements plaintifs et lamentables. Je saluai de l’oeil et du coeur les restes de ces hommes héroïques, dont les têtes coupées sont devenues la borne de l’indépendance de leur patrie. Que les Serbes laissent subsister ce monument ! Il apprendra à leurs enfants ce que vaut l’indépendance d’un peuple, en leur montrant à quel prix leurs Pères l’ont payée.
Je sais que toute l’horreur qui se cache derrière ce monument n’est pas forcément compatible avec l’idée d’une attraction touristique pour tous. Mais si vous êtes déjà à Nis, ne manquez pas cet endroit unique, qui a même été classé par le magazine américain „Mental Floss“ comme le plus grand bâtiment en os du monde. Respirez profondément – ce ne sera pas agréable, mais ce sera gratifiant, et vous comprendrez d’où viennent les serbes. Cele-kula à Nis est un patrimoine culturel important pour la Serbie, mais ne l’est-il pas aussi pour le monde entier ? Il y a moins de deux cents ans, un tel scénario d’horreur se déroulait dans un pays pourtant développé, et la lutte pour la liberté, que nous tenons souvent pour acquise aujourd’hui, a abouti à une structure de crânes humains.
source : Milena Mihajlovic tinari.com