Car la protestation de façade d’une ingérable présidence bosnienne tricéphale et tournante, assortie d’une demande d’explication à l’ambassadeur de France à Sarajevo, est à interpréter dans son contexte socio-politique, explosif. Celui-ci découle des désastreux accords de Dayton de 1995, autre bombe à retardement armée par les États-Unis grâce aux tergiversations de l’Union européenne ; il libère des tensions communautaires intenables en Bosnie. L’enfer des citoyens étant souvent pavé des meilleures intentions des politiciens, il est décidément de mauvais accords de paix qui font finalement plus de victimes que les guerres qu’ils croient étouffer. Par manque de lucidité, de courage ou par cynique calcul politique. Ici, les trois ont joué.
En réalité, il s’agit, pour les représentants des communautés bosniaques (musulmanes), croates et serbes de Bosnie, à couteaux tirés, de défendre les chances de leur pays d’intégrer au plus vite l’Union européenne. En attendant, après vingt-cinq ans et des milliards d’euros de gabegie sans suite d’argent public européen et international englouti par un système mafieux de corruption généralisée en RBIH comme au Kosovo, les États musulmans du Golfe raflent actuellement la mise en investissant massivement dans cette tête de pont commerciale, politique et islamique abandonnée à ses démons fratricides nourris par des influences étrangères. Le président de la Bosnie en exercice en juillet, fils de l’ex-président islamiste Alija Izetbegović, a d’ailleurs fait allégeance au président turc Erdoğan, avide de vengeance contre une Europe qui ne veut pas intégrer une Turquie national-islamiste : « Je te confie mon pays, c’est à toi de le protéger », lui a-t-il déclaré. Imaginez combien cette déclaration unilatérale bosniaque satisfait les représentants de ses cogérants serbes orthodoxes et croates catholiques de la Bosnie.
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